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En amont et en aval, on trouve trois grandes étendues vertes. Elles bordent et bornent l’avenue comme pour mieux en souligner l’entrée et la sortie. Ces espaces entretenus sont intemporels. Le passé est semblable au futur. Mais les arbres gardent en mémoire toutes les traces du temps et en témoignent à l’abattage.
Lieu de rencontre, c’est là que l’on se montre et que l’on s’observe. L’hippodrome, scène de courses hippiques attirent toujours un grand public. On regarde autant le spectacle de la piste que celui des gradins. A l’extérieur de l’enceinte les tickets perdants jonchent le sol. En face, le terrain de golf vallonne le paysage. Mais ici c’est entre spécialiste que l’on se retrouve. Pelouse bien entretenue et sans imperfections, il s’offre à l’avenue uniquement par le regard. A l’autre bout, le parc nous ouvre son portail. En son sein il accueille toute la faune et la flore de l’avenue.
Entre ces vastes lieux, se succèdent, immeubles et maisons. Où chaque habitant laisse sans le vouloir, apparaître des bribes de son intimité.
Décors de façades, poubelles sorties, fleurs au balcon, rideaux colorés, et entretien du jardin sont autant d’indices qui nous laissent imaginer qui sont les habitants. Un tigre á la fenêtre, un portail rose lilas, des mosaïques en façade, une Rolls Royce des années 60, des ornementations japonisantes, des odeurs de cuisines orientales, certains se démarquent et nous transportent dans un autres univers.

D’autres habitations ont été laissées en désuétude.
Au 262, au 365 et au 435 avenue d’Eysines, l’histoire se fait sentir au travers des bâtisses abandonnées. Les fenêtres semi closes, les volets claquants laissent transparaître une part de mystère. Les nouveaux habitants, rats souris et thermites, profitent et détruisent petit à petit ces bribes historiques... A l’extérieur la façade se noircit, la toiture se fissure. Tandis qu’à l’intérieur les planchers s’affaissent, les menuiseries pourrissent et les araignées tissent les toiles de nouvelles histoires. Bazar, poussière accumulée, rideaux déchirés, nous laisse peu d’indices quant aux siècles passés.

Alors l’imagination prend le dessus. Dans nos têtes le temps remonte et les pièces accueillent de nouveau leurs habitants. On se questionne sur leur identité. Qui était la ‘‘Marie d’Antan’’ dont le nom orne la façade ? Qui était l’homme qui habitait près du chemin de fer ? Est-ce une femme seule qui habitait le manoir ? Ces maisons renferment-elles de si lourds secrets que plus jamais personne n’a voulu y habiter ? Cet abandon est-il contagieux, d’autres maisons que l’on ne soupçonne pas vont-elles connaître le même destin ?
Géologie et carottage historique