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Au 262 avenue d’Eysines

Monsieur Pallut, humble garde barrière
Un jour reprit l’affaire de son père,
Mais l’âme de garde barrière point il n’avait,
c’était être voyeur qui le passionnait.
Jour et nuit collé à sa fenêtre
il guettait la vie de tous les petits êtres.
Puis plus tard initié à l’informatique
il se mit à bricoler des caméras rustiques
qui lui permirent de surveiller tout le quartier.
La vie de tout ces gens n’avaient pour lui aucuns secrets
Qui eut cru que c’était cet homme si réservé et si sage
qui lui seul connaissait l’avenue sous son vrai visage ?


Au 455 avenue d’Eysines

Monsieur Parenteau, veuf et maire de la ville
avait dédié sa vie à sa fille
Cette dernière depuis toujours adorait les chevaux
Le père se rendit même jusqu’au Mans
pour lui acheter un pur-sang plein de talents.
Surprise et admirant cet être mâle
Partout elle emmenait son animal
De sa chambre à coucher à la salle à manger,
son destrier la suivait
La fin, hélas, fut dramatique
de cette passion pathétique
le cheval sous tant d’excès
mourut d’un AVC
Qui eut cru que cette jeune dame
fut capable d’un tel drame ?


Au 435 avenue d’Eysines

Madame Berthot, épicière de métier
avait écho des rumeurs du quartier
des ménagères de tous les âges
elle écoutait leurs commérages
de tout ces récits accumulés
des romans elle écrivait.
La nuit, son étalage rangé,
le papier elle noircissait
de l’écriture elle était addicte,
son imagination n’avait pas de limites
et dévorée de rage
elle accablait ses personnages.
Qui eut cru que cette charmante épicière
était une langue de vipère ?

Au 253 avenue d’Eysines

Monsieur Dutrieux, pompier volontaire
avait toujours à faire
les feux n’étaient pourtant pas courant
mais le travail à la caserne était grand
astiquer tout ces casques
finit par le rendre flasque
Rêvant la nuit d’incendies
de pyromanie il fut pris.
Un jour d’une allumette il se munit
et commis cet interdit
Un entrepôt brula
et enfin son rêve s’exhaussa
Qui eut cru que ce sapeur
pu créer autant de malheur ?


Au 213 avenue d’Eysines

Monsieur Noyre, agent secret
était toujours très discret
il ne s’arrêtait jamais dans la rue
de peur d’être aperçu
Pourtant derrière ces murs froids
il était très courtois
Seul dans sa maison il était
et passait ses soirées devant la télé
Mais un jour quelqu’un dans la rue lui sourit
et cela lui transforma sa vie
qui eut cru que cet homme Noyre
avait encore de l’espoir ?




Au 173 avenue d’Eysines

Monsieur Bertrand, directeur d’entreprise
n’en faisait qu’à sa guise
lorsqu’il était étudiant,
pour lui l’école c’était chiant !
Il plaqua ses études pour devenir chanteur
mais finit entrepreneur.
Riche et puissant tout lui réussissait
On ne pouvait que l’envier
Mais pauvre et triste il était
puisque l’amour il lui manquait
Seul dans la vie et sans amis
Bourreau de travail il finit
Lorsque son entrepôt brula
anéantit était son état
sans travail et sans amours
Il mit fin à ses jours
Qui eut cru qu’une vie si parfaite
pouvait finir en une telle défaite ?


Les fables de l’avenue d’Eysines
Au 55 avenue d’Eysines

Monsieur Boulat, riche agriculteur
n’avait qu’une seule peur
Il craignait que tous les gens
voient en lui un charlatan
Fort inquiet, il s’efforçait
à entretenir une bonne personnalité
qu’importe la personne devant lui,
il s’adaptait à celle ci
De nombreux cours il prenait
pour devenir un homme parfait
Mais savoir que jamais il ne le serait
le faisait déprimer
Et pourtant tous ses amis
voulait vivre sa vie
Qui eut cru que ce désir de perfection
finisse ainsi en dépression ?


Au 125 avenue d'Eysines

Madame Botiles, femme du responsable du parc
était originaire de Bergerac
allergique au soleil
elle n’avait jamais vu d’abeilles
Toujours barricadée dans sa tanière
tout le monde la prenait pour une sorcière
pourtant elle adorait les enfants
mais eux devant elle partaient en courant
dans sa maison elle s’occupait
créant toutes sortes de poupées
et les vendant à petits prix
elle faisait le bonheur des petits
Qui eut cru que cette femme si rejetée
fabriquait ces objets si appréciés ?


Au 365 avenue d’Eysines

Madame Lacroix, gardienne d’une barre
adorait les jeux de hasard
Tous les jours elle allait au café
acheter un ticket
mais souvent elle trichait
car de faux tickets elle imprimait
elle était sans moral
mais ne faisait pas du mal
Et plus tard s’enrichissant
elle fondit une association à Caudéran
qui tout en cachant son trafic
la rendit aimée du public
Qui eut cru que cette bienfaitrice
avait en elle un tel vice ?

Au 47 avenue d’Eysines

Madame Jolliot, femme au foyer
Rêvait de voyager
Enfermée dans sa maison
elle tournait en rond
Poussière et ménage elle était au point
Cuisine et repassage était son quotidien
Chargée de rêve et d’envie,
elle en informa son mari
Ne sachant que répondre à cela
il passa outre et l’ignora
Déterminée à découvrir Moscou
Elle prit ses jambes à son cou
Qui eut cru qu’une femme si sédentaire
puisse vouloir parcourir la terre ?



Qui eut cru que cette avenue hébergeait
tant de doubles personnalités ?
La rue regorge encore de pleins d’autres secrets
qui n’ont pas encore été dévoilés...